samedi 28 janvier 2017

Halifax

Halifax ! Beauté des noms qui ne nous concernent pas.
Pour qu’une chose soit belle, il faut l’éloigner le plus possible de son porte-monnaie.
Inatteignable, oui, mise à distance, sinon, vous la verrez pâlir crassement dans votre giron.
Aimez les choses lointaines, les ports des années d’avant, les étoiles aux noms Grecs ou mathématiques, les visages de cinéma, les champions mécaniques.
Les tableaux. Les tableaux, bel exemple. Voilà de la beauté qu’on ne peut se payer qu’à coup de copies, de reproductions. Les riches en ont. Mais les savent-ils ?
Accrochés, un tableau accroché est-ce un tableau ? Le tableau est là dans les yeux, dans l’imaginaire mais il n’est pas là. C’est sa puissance, sa légende, son mystère.
Une intimité d’humeur, la grâce des relations entre les parties, ces paysages qui s’accordent maintenant, ces couleurs qui se devinent entre elles, la nécessaire organisation créatrice de sens dans la contingence d’un accolement de touches.
Aimez les choses lointaines comme les tableaux. Ces soupiraux vers l’infini.
N’aimez que vos souvenirs de petite enfance où se nichent des lieux insurmontables. Ceux que vous aurez en tête aux heures voisines de la mort. Revenez-y, n’y revenez pas, c’est un indécidable, un indicible sans regrets.
A voir de trop près, on louche ! Nous sommes malades du premier venu. N’aimez que le dernier visage de la file, la dernière ligne du roman, la dernière bouchée.
Faites place nette, cervelle propre, profitez pour une fois de votre folle du logis pour saborder vos ancres, il y a du charme dans les boussoles déréglées. Sauvez votre Robinson, croyez au soleil, croyez aux glaces, faites rire l’horizon.

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